Trichothiodystrophie

La trichothiodystrophie (TTD) est une maladie rare (probablement 1/1 000 000 naissances) mais probablement non diagnostiquée ou sous diagnostiquée. L’expérience de notre service montre que cette affection existe dans la population française avec une incidence qui semble supérieure au XP « autochtone ».  Elle se définit par une anomalie du cheveu que l’on peut diagnostiquer simplement avec un examen au microscope muni de deux lentilles de polarisation. Un dosage des acides aminés soufrés permet d’affirmer le diagnostic si le taux de cystéine est abaissé. La majorité des patients a une anomalie du gène XPD et une anomalie de la réparation de l’ADN in vitro, mais pas d’aspect clinique de photosensibilité exacerbée comme les patients atteints de xeroderma pigmentosum ni de cancers cutanés prématurés


Prise en charge des patients atteints de TTD.

Le mode de prise en charge des patients varie avec la présentation clinique, de gravissime à bénigne, et le moment du diagnostic (nouveau né, enfant, adulte).

Il est utile dans tous les cas de s’attacher à :

1. Mettre en oeuvre les moyens diagnostiques adéquats pour un diagnostic de certitude 

  • examen trichologique, dosage des aminoacides des cheveux,
    biopsie cutanée pour culture de fibroblastes

2. Rechercher des signes associés

  • Analyse dysmorphologique
  • Signes cutanés incluant une exploration photobiologique pour chercher une photosensibilité et extracutanés (voir liste tableau II, en particulier neurologique, squelettique et cardiovasculaire)
  • NF : neutropénie, microcytose (électrophorèse de l’Hb)
  • Examen OPH : cataracte mais aussi reste du segment antérieur et segment postérieur
  • Examen stomatologique : caries, anomalies de l’émail dentaire, gencives…
  • Imagerie : radios simples du crâne (calcifications intracrâniennes, ostéocondensation) et du rachis (ostéocondensation); IRM pour signes de démyélinisation, hétérotopie de la substance grise, agénésie du corps calleux…); radio du thorax (anomalies cardio-pulmonaires), des mains (anomalies squelettiques); échographie hépatique mode couleur (angiomes) ; autre examens à prévoir en fonction de la clinique.
  • Bilan cardiovasculaire (ECG ;  échographie avec mesure des pressions si sténose pulmonaire)
  • Bilan immunologique (dosage pondéral IgG, A, M, E, et comptes lymphocytaires B et T), à approfondir si anomalie
  • Bilan endocrinien si retard de croissance ou autre signe d’appel
  • Bilan urologique si point d’appel clinique


Le suivi et les bilans ultérieurs seront fonction de la gravité de la maladie. Une prise en charge spécialisée est souhaitable si existe un déficit des acquisitions psychomotrices ou d’organe en particulier et le patient sera orienté sur un praticien référent (neuropédiatrie, cardiopédiatrie, orthopédie…). Le tableau dermatologique nécessite rarement une prise en charge spécialisée. Un bilan de fertilité et un diagnostic prénatal sont à prévoir à l’âge adulte si un projet de procréation est en vue.


Analyse des cheveux en microscopie optique à polarisation

Pr Alain Taïeb
Unité de dermatologie pédiatrique
Hôpital Pellegrin-Enfants
CHU de Bordeaux


Documents

Fiche de renseignement clinique (version 2 [3])


Publications

Morice-Picard F, Cario-André M, Rezvani H, Lacombe D, Sarasin A, Taïeb A. New clinico-genetic classification of trichothiodystrophy. Am J Med Genet A. 2009 Sep;149A(9):2020-30. Review. PubMed PMID: 19681155.


Liens

www.vp-it.com.au